A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »


C’est une maison bleue, dans Lily Street, à San Francisco (Californie), adossée à une rangée de banians. L’allée se termine par une fresque murale – des fleurs de couleurs psychédéliques, de l’artiste italien Pepe Gaka. Dans le patchwork urbain qu’est la « cité aux quarante-deux collines », Hayes Valley fait figure d’oasis de tranquillité. Boutiques branchées, galeries, studios de poterie. Cafés où l’on déguste des donuts « artisanaux » ou des pâtisseries « botaniques ». Le quartier se trouve à deux pas de Haight-Ashbury, la capitale du flower power des années 1970.

Le calme est trompeur. Derrière ces maisons victoriennes se cache un monde en ébullition. Si le phénomène de l’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer le monde des technologies, Hayes Valley en est l’épicentre, avec ses maisons communautaires, les hacker houses, où les créateurs partagent leur espace de vie et de travail. En moins d’un an, le quartier a pris le surnom de « Cerebral Valley ». Une référence « aux esprits brillants qui sont venus s’y installer », explique Juliet Kelso, 32 ans, l’une des occupantes de la maison bleue.

Les techies d’aujourd’hui sont bien éloignés des programmeurs de la génération précédente, celle de l’expansion des plates-formes. Ceux-là habitaient dans des lofts avec vue sur l’East Bay. Ils travaillaient à « inventer des applications pour commander à manger », comme dit Gloria Felicia, 28 ans, avec un soupçon de condescendance. Les créateurs de l’IA sont persuadés de participer à « la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité ». A La Boulangerie, le café français devenu le rendez-vous des hackeurs et des utopies, au cœur de Hayes Valley, ils sont attablés, casque antibruit sur les oreilles, sous une publicité vintage pour Orangina. « Les gens de l’IA trouvent leur inspiration dans les vieilles maisons, admire Juliet Kelso. Le passé rencontre le futur. »

« L’IA va sauver le monde »

L’intelligence artificielle est la nouvelle ruée vers l’or. Les investisseurs déversent leur argent sur les start-up, comme il y a dix ans sur les réseaux sociaux : 21,4 milliards de dollars (23,6 millions d’euros) entre janvier et octobre, selon le site spécialisé PitchBook, contre 5,1 milliards de dollars en 2022. A écouter les anciens de la Silicon Valley, la fièvre actuelle est comparable aux débuts de l’Internet, à la fin des années 1990, à l’invention des smartphones, qui ont révolutionné la manière d’utiliser les ordinateurs après 2007.

Ou à celle de la machine à vapeur, comme l’a suggéré Reid Hoffman, le cofondateur de LinkedIn, le 15 novembre, lors du deuxième sommet de l’IA organisé par le groupe Cerebral Valley AI au SFJazz Center de Hayes Valley. En 2012, l’influent investisseur Marc Andreessen annonçait l’ère de l’expansion du numérique : « Le logiciel va dévorer le monde. » En juin, l’oracle a livré son nouveau mantra : « L’intelligence artificielle va sauver le monde », a-t-il écrit sur son blog.

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